Le Noir et le Blanc ou le Monochrome.
Se faire prendre en photo, par un étranger dans la rue ou encore en studio peut être un moment inconfortable pour bien des personnes.
Pendant de nombreuses années, la photographie en noir et blanc me rendait inconfortable tel un moment de vulnérabilité auprès d’une personne qui nous impressionne. Observer ces photos m’envoyait me balader dans mes pensées vers une époque lointaine dont je ne faisais pas encore partie, mais étrangement, je m’y retrouvais comme si j’y étais. À mes débuts en photographie, j’adorais les jeux de lumières, la composition et les couleurs mais il me semblait qu’il manquait quelque chose à mes images. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui manquant à mes images, comme si elles manquaient d’âme ou comme si l’émotion recherchée ne se manifestait pas.
Un jour je me procurais une caméra TLR (twin lens reflex) une Rolleicord IV 1954 avec un film 120 de ilford HP5 puis j’envoyais le film en développement avec aucune idée de ce qui allait en ressortir. J’avais une anticipation un peu angoissant à savoir comment mes images allait sortir, puis je reçois le courriel qu’elles étaient prêtes. Du coup je saute dans mon char et je rush vers Gosselin photo pour les récupérer. Rendu à la maison je me fais un café je m’installe confortablement à mon espace de travail, un peu anxieux, j’ouvre les images puis au premier coup je constate que l’âme qui semblait manquer à mes photographies était présent. La composition n’était pas précise, la qualité d’image était loin de celle d’une CMOS sensor et l’exposition n’était pas optimale mais à ma grande révélation, l’âme, l’émotion la mélancolie que je tentais tant d’exprimer dans les photos couleurs en vain y étaient.
Toujours un peu intimidé par le monochrome, je continue à l’apprivoiser car sans pouvoir l’expliquer, je ressens plus d’émotions en observant une photo en monochrome qu’en couleurs.